La grève de 1915 aux Forges de l'Adour...

Publié le par adolphine

Rapport du Capitaine Lejeune, commandant l'arrondissement de Dax sur la surveillance des Forges.


Dax le 20 juillet 1915


...La surveillance de cette usine ne peut pas être assurée de façon satisfaisante, dans les conditions actuelles. Le 19 juillet courant je me suis rendu à l'usine dont il s'agit. D'un entretien que j'ai pu avoir avec MM. MAGNIN père et fils, l'un Président du Conseil d'Administration, l'autre Directeur de l'usine, il résulte :

1- qu'il n'y a eu effectivement jusqu'ici, aucun incident facheux, du fait de la présence à l'usine d'ouvriers espagnols. 

2- que l'état d'esprit de la centaine d'espagnols employés ne doit cependant inspirer qu'une confiance limitée.
Depuis quelques temps, hors de l'usine, ces ouvriers se réunissent fréquemment par bandes aux nombreux dockers espagnols du Boucau, localité qui ne fait qu'une agglomération avec le hameau dépendant de Tarnos, où se trouve l'usine, mais qui est situé dans l'arrondissement de Bayonne. Aux alentours des quais de l'Adour on les voit circuler ainsi, bruyamment, avec beaucoup de sans gêne, tard dans la soirée. Personne ne s'en est encore plaint, que je sache, mais ce que je rapporte est le résultat de réflexions faites devant MM. MAGNIN, par des gens dignes de foi.

3- que le directeur de l'usine, invité à demander à l'autorité militaire les ouvriers dont il a besoin pour exécuter les commandes du département de la guerre, a demandé entre autres, nominativement, un certain nombre de ses anciens ouvriers actuellement sur le front ou dans les dépôts. Les femmes de ces ouvriers le savent et comptent sur le retour de leur mari, mais elles constatent quotidiennement que la plupart des ouvriers que reçoit l'usine de l'autorité militaire, sont étrangers à la région. La déception qu'en éprouve l'élément ouvrier resté dans le pays, les femmes surtout, tend progressivement à se changer en un mécontentement assez vif, susceptible de s'accroître selon les évènements. Aucune femme ne veut admettre qu'on fasse venir un ouvrier du Nord, alors qu'on ne rappelle pas son mari, qui avait avant la guerre, sa place à l'usine.


                                                                              à suivre...

 

Publié dans Témoignages

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