Conférence sur la Chapelle des Forges du 20 septembre 2008 (suite).....

Publié le par adolphine

L’inauguration


Maintenant que l’église est construite il faut l’inaugurer. J’ai eu beau chercher dans tous les documents d’époque (journaux en particulier) on n’en parle pas. Que c’est-il donc passé ?

Aussitôt l’église finie, Monsieur Magnin se met à faire les démarches nécessaires pour qu’elle soit ouverte au culte.

L’autorisation est demandée par l’intermédiaire de la Préfecture au Ministère des Cultes (nous sommes en période de concordat napoléonien). Elle est refusée.

Le refus est motivé par une lettre du Préfet datée du 5 juin 1897, en voici les raisons :

" L’édifice religieux échappant à la surveillance et à l’action des autorités civiles et ecclésiastiques, pour ne relever que du directeur de l’établissement " on craignait que celui-ci ne devienne " en quelque sorte le chef spirituel de la Cité ".

L’autorité permettait, à la rigueur, que l’on ouvre une chapelle de secours, à la condition qu’elle soit située hors des limites de l’usine. Mais l’église est construite et on ne peut la déplacer. Et bien l’administration propose que la direction cède

" par un acte authentique la propriété entière de l’édifice à la commune où à la Fabrique de la paroisse de Tarnos ".

Monsieur Magnin refuse de céder et les choses traînent en longueur. Un an plus tard, la Compagnie est-elle intervenue dans les hautes sphères de l’Etat ? (les archives sont muettes à ce sujet). Le 29 avril 1898 l’évêque d’Aire (Monseigneur Delannoy évêque de 1876 à 1905) écrit au Curé de Tarnos (Jean Baptiste Dinclaux curé de Tarnos depuis 1896, il a remplacé François Campagné).

" Je crois que ce qu’il y a de mieux à faire dans les circonstances présentes c’est d’utiliser la nouvelle église sans bruit, et sans le faire d’une manière officielle. Contentez-vous de la bénir. Cela suffit pour qu’on puisse y dire la Sainte messe. Je vous serai reconnaissant même de faire cette bénédiction à huis clos, sans autre témoin que Monsieur votre vicaire. Puis vous y direz la messe au lieu de la dire à l’autre église, mais sans y convoquer les personnes du dehors. Vous laisserez cependant entrer celles qui se présenteront, de manière à ce que petit à petit, sans aucun appel public, on vienne prendre l’habitude de s’y rendre, et le culte s’y exercera le plus simplement de fait. Par conséquent il ne peut-être question actuellement de bénir les cloches, dans quelques temps, …. on pourra tinter quelque peu pour annoncer le commencement de la messe. On pourra le faire sans que la cloche soit bénie. Il importe que cela se fasse sans bruit et sans

manifestation, n’en parlez à personne, pas même à vos confrères du voisinage. s’il survenait quelque incident, ce que je ne présume pas d’ailleurs, vous voudrez bien m’en informer. "

Cette inauguration clandestine se fit sans incidents.

L’évêque dans une autre lettre datée du 4 juin 1898 exprime le désir qu’il y ait un

" prêtre à demeure au milieu de cette population ouvrière, et il se dit tout disposé à charger de cette mission un prêtre de choix, assez dévoué pour s ‘y donner tout entier. "

Finalement la cloche fondue par Emile Rotier aux Fonderie de Saint Emilion en Gironde, sera bénie avec la Contesse Victoire de Matharel comme marraine et Adrien de Montgolfier comme parrain.

Le maire de Tarnos Monsieur Devert n’est pas d’accord avec l’ouverture de ce lieu de culte car il voit ainsi diminuer les ressources de la fabrique de la paroisse de Tarnos. Dans une lettre datée du 21 juillet 1898 il charge un ami (dont on ignore le nom) d’intervenir auprès de l’évêque.

" Le besoin de créer un centre religieux aux Forges, besoin tout récent ne justifierait pas, tant s’en faut, une mesure de cette gravité, de cette portée destructrice de notre unité paroissiale, à atteindre même l’intérêt communal ".

Au final, les Forges auront un prêtre, l’abbé Lamblin, mais pas de curé.

Le quartier des Forges restera rattaché à la paroisse de Tarnos jusqu’en 1929, l’église ne sera donc qu’une chapelle de secours, elle ne sera pas indépendante, parce que cela diminuerait de quelques centaines de francs les recettes de la fabrique de la paroisse de Tarnos !

L’abbé Lamblin sera le premier aumônier des Forges.

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