Evocation journalistique de l'usine des Forges et de l'aciérie aujourd'hui...

Publié le par adolphine

Voici un article de journal paru dans le Sud Ouest Eco : évocation de l'usine des Forges de l'Adour et de l'actuelle aciérie de l'Atlantique présente sur le même site...

Industrie - Pays Basque


L’Aciérie a ranimé la flamme
BOUCAU-TARNOS. Des Forges de l’Adour à l’Aciérie de l’Atlantique, le site de l’embouchure de l’Adour a accueilli depuis le XIXème une activité sidérurgique. Il a survécu aux difficultés du secteur.

undefinedHistoire. Le site de l’Aciérie de l’Atlantique, sur l’embouchure de l’Adour, était anciennement occupé par les Forges de l’Adour. PHOTO JEAN-DANIEL CHOPIN.

S’il ne l’est plus vraiment aujourd’hui, le métal a longtemps constitué la clé de voûte de l’économie locale. Cette histoire industrielle s’est construite autour du port de Bayonne et plus particulièrement du site de Boucau- Tarnos, qui abrite depuis la fin du 19ème siècle une forte activité sidérurgique. Les Forges de l’Adour hier, l’Aciérie de l’Atlantique aujourd’hui. Et, autour de ce pôle historique, une multitude d’entités nées de cette culture du métal, dont Turbomeca, pour n’en citer qu’une seule, constitue sans doute le plus beau fleuron.
Mais comment cette activité est-elle née ? Tout simplement parce vers 1875, la Compagnie des forges et aciéries de la Marine, dont le siège se trouvait à Saint-Chamond dans la Loire, cherchait un site pour développer un tout nouveau procédé sidérurgique, appelé Bessemer. 
Le port de Bayonne sera alors retenu parce qu’il offrait une intéressante combinaison de facteurs. Il permettait de recevoir à moindre frais, par voie maritime, le minerai de Somorrostro près de Bilbao, et la houille en provenance d’Angleterre, ainsi que la castine acheminée par gabarre sur l’Adour, depuis les carrières d’Urt. Ce sera, à l’arrivée, un des tout premiers exemples d’usine sidérurgique sur l’eau et sa création aura pour conséquence annexe de redonner un nouveau souffle au port de Bayonne, en déclin tout au long du 19ème siècle.

Des rails de chemin de fer. La mise à feu du premier haut-fourneau y eut lieu le 25 juillet 1883. Implantées sur la rive droite du fleuve, à un kilomètre en amont de l’embouchure, les Forges de l’Adour employaient à l’époque plus de 1500 personnes. Dirigées depuis leur origine jusqu’à 1914 par l’ingénieur Claudius Magnin, qui en avait aussi piloté la construction, elles réaliseront d’abord des rails de chemin de fer pour le compte de la Compagnie du Midi, en train de développer le réseau ferroviaire du sud-ouest de la France. 
Au cours de la première guerre mondiale, le site arrivera au maximum de son rendement, palliant la perte des aciéries lorraines, occupées par les Allemands. 
L’usine était alors orientée vers la production de fontes enrichies et de ferro-alliages pour répondre aux besoins militaires. La nécessité de faire venir pour cela des minéraux non ferreux de destinations lointaines comme le Brésil ou la Nouvelle-Calédonie, avait d’ailleurs dopé un peu plus le trafic du port de Bayonne, qui, dès 1910, avait atteint le million de tonnes. 
Les Forges continueront à connaître de belles heures de gloire durant l’entre-deux guerres, fortes de leur savoir-faire en aciers spéciaux, mais le conflit de 1939-1945 marquera le début de leur déclin. Affectées dans leur activité, elles se remettront difficilement de la guerre et, surtout, elles se retrouveront isolées géographiquement, lorsque dans les années 50, commenceront les grandes manoeuvres de planification européenne du charbon et de l’acier.

La flamme ranimée. La redistribution des cartes instaurée par la CECA (communauté européenne du charbon et de l’acier), première pierre de la construction européenne de l’après-guerre, marginalisera le rôle de l’aciérie boucalaise. Seule une série de grandes grèves retardera encore l’échéance inéluctable de la fermeture, qui deviendra effective en 1965. 
L’histoire aurait pu s’arrêter là, si trente ans plus tard, la naissance de l’Aciérie de l’Atlantique, sur l’emplacement exact des Forges de l’Adour, n’était venue ranimer la flamme. Depuis le 28 octobre 1996, date de la première coulée, ADA (1) perpétue en effet, avec de nouveaux produits et de nouvelles technologies, la tradition sidérurgique initiée un siècle plus tôt sur le port de Bayonne. 
Dédié à la production de billettes -environ 800.000 tonnes par an- par la fusion électrique de ferrailles usagées, l’aciérie contemporaine est toujours orpheline aujourd’hui du laminoir qui aurait dû voir le jour à ses côtés. Un projet qui vient toutefois d’être réactivé, puisque deux opérateurs du secteur -l’Italien Beltrame et le Catalan Celsa, propriétaire actuel d’ADA (voir ci-dessous)- ont coup sur coup, ces derniers mois, manifesté leur intérêt pour implanter un tel équipement. Un investissement qui ouvrirait une nouvelle page d’histoire à Boucau et Tarnos.

Philippe Hemmert

(1) L’Aciérie de l’Atlantique (ADA), créée en 1996 par le groupe basque espagnol Ucin, est passée sous la coupe d’Aceralia en 1999, avant de se fondre en 2001 dans le géant mondial Arcelor, fraîchement issu de la fusion entre l’Espagnol Aceralia, le Luxembourgeois Arbed et le Français Usinor. En 2004, Arcelor a cédé ADA au groupe galicien Aon, lui-même racheté en avril 2007 par le Catalan Celsa.

undefinedAcquisitions. En achetant le Galicien Añon, Celas est devenu propriétaire de l’Aciérie de l’Atlantique du Boucau. PHOTO J.-D. CHOPIN
 

Le Catalan Celsa poursuit ses ambitions européennes

Le groupe catalan Celsa ne cache pas ses ambitions. Ces dernières années, Celsa a en effet réalisé une série d’acquisitions dont l’une des plus récentes fut celle du groupe Galicien Añon, lui-même propriétaire de l’Aciérie de l’Atlantique située au Boucau et de deux laminoirs installés près de La Corogne. Cette dernière acquisition finalisée au printemps dernier, suivit l’achat d’une partie d’Allied Steel and Wire (Pays de Galles, en 2003) et de Fundia (Finlande, en 2005).
A l’heure actuelle, Celsa, également présent en Norvège et Pologne, emploie quelque 6 700 personnes. La principale usine de Celsa est située en Catalogne, à Castellbisbal. Il s’agit de la Compañia Española de Laminaciones, SL qui possède trois laminoirs. Cette politique d’acquisition aura permis aux Catalans de prendre des positions avec vue sur l’Europe de l’Est et du Nord, en marge des grandes restructurations du secteur dont l’une des plus spectaculaires fut en 2006, l’acquisition du groupe européen Arcelor par l’Anglo-indien Metal Steel.
Celsa spécialisée dans l’acier pour le secteur de la construction, possède également une importante usine à Santander (Global Steel, Cantabrie). En fin d’année ses ventes pourraient atteindre le seuil de 4 800 millions d’euros.
En Pays Basque sud, Celsa contrôle également l’aciérie Nervacero de Bilbao (acquise en 1988) et Laminaciones Arregui de Vitoria acquise en 1996. Cette année la famille Rubiralta, propriétaire de l’ensemble de Celsa, s’est partagée les deux grands volets d’activités du groupe, l’acier et la sidérurgie sont restés dans les mains de Francisco, et le matériel médical et sanitaire (société Werfen) dans celles de son frère José Maria Rubiralta.

 

 

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